Le cycliste basque
Vous connaissez l'histoire du cycliste basque?
C'est l'histoire de deux hommes, ni cyclistes, ni basques.
Comme certains l'ont peut être constaté, je suis rarement à cours d'imagination, et j'aime à gamberger, chercher le pourquoi du comment, essayer d'envisager toutes les éventualités (sauf la bonne car, celle là, on ne l'envisage jamais)... Laisser libre cours à mon imagination.
L'histoire du cycliste basque, c'est l'histoire d'un quiproquo, ou plutôt deux histoires de quiproquos.
Le cycliste
Je vous place le décor. Premier jour en Ecosse avec mon amie Yolanda, les vacances s'annoncent bien, nous arrivons sans trop de peine à notre premier B&B, rencontrons l'hôte, un homme d'une cinquantaine d'années charmant, une maison fleurie, décorée à la perfection, nous nous installons. C'est un petit B&B coquet, avec une autre chambre, juste en face de la notre. L'hôte nous explique que la salle de bain sera commune, quand soudain... arrive un homme, cinquante ans également, de taille moyenne, musclé, sec, habillé en tenue de cycliste (ou d'alpiniste, à la réflexion, ou de randonneur, pourquoi pas). Il parle très fort, avec un fort accent anglais. Comprenant mal l'anglais, je n'ai pas compris un mot de ce qu'ils se disaient. J'ai juste vu qu'il avait l'air assez à l'aise.
Nous quittons la chambre et partons en ballade.
Et là, ne me demandez pas comment nous en sommes venues à de telles déductions, notre interrogation majeure fut la suivante: le cycliste était-il en couple avec l'hôte?
Sans entrer dans les détails, je vous rappelle juste que nous ignorions s'il était cycliste, mais je l'ai appelé "le cycliste", Yolanda a très bien compris que je parlais de "l'anglais" (car on aurait très bien pu l'appeler "l'anglais", ce qui d'aillleurs, aurait été plus raisonnable...) et JAMAIS, elle n'a remis en question le fait qu'il soit cycliste. Et moi non plus, de ce fait!
Quant à savoir si le cycliste était l'amoureux l'hôte...
Entre le moment où cette question nous a effleuré l'esprit et sa réponse, le cycliste a fait pas mal de métiers. Je m'explique. De bon matin, nous l'avons entendu parler très fort. Donc, nous nous sommes dit qu'ils étaient ensemble. Mais le laitier est arrivé au même moment (imaginez bien que nous les entendions, mais sans les voir, étant donné que nous étions enfermées dans la chambre), donc nous nous sommes dit que le cycliste devait être le laitier et que comme nous étions dans un petit village, ils étaient en très bon terme! Peut-être était ce même son amoureux... Quelle bonne ambiance en Ecosse! Et puis le laitier s'est un peu éternisé et nous l'avons même entendu rentrer dans la salle de bain, toujours en disant trois ou quatre mots à notre hôte. Donc nous nous sommes ravisées: fausse piste, c'est l'homme de chambre! Ils sont vraiment chouette en Ecosse, ça fait du bien d'inverser les rôles, on voit toujours des femmes de chambre... Et puis, qui sait, peut être que c'est son employé mais qu'ils sont quand même ensemble!! Un des premiers lieu de rencontre, c'est le lieu de travail!! Fixées, en paix, on se lève et go to the kitchen pour aller déjeuner. Les deux hommes sont dans la cuisine mais le cycliste est assis à table. L'hôte prépare le petit déjeuner. Et galant par dessus ça se dit-on! En même temps, il doit culpabiliser de lui faire nettoyer la maison, alors...
Et là, l'hôte, toujours aussi charmant, nous présente le cycliste, qui était JUSTE notre voisin de chambre. La solution la plus évidente? Ben oui, je suis entièrement d'accord, mais que voulez-vous... J'avoue que nous avons pensé qu'il prenait ce prétexte pour garder sa love story secrète, mystérieuse, plus excitante... Mais quand nous avons vu la femme de l'hôte arriver, notre imagination est un peu retombé au sous-sol!
Mais qu'importe, Yolanda et moi ne sommes pas de ce genre de personnes à se laisser décontenancer, toujours bavardes et enjouées, en avant la discussion à l'anglaise au petit déjeuner! Yolanda n'a cessé de lui parler du tour de France, des régions dans lesquelles on pouvait pédaler. Il avait bien l'air de nous comprendre, mais pas toujours l'air intéressé. Alors que nous faisions l'effort de nous adapter et de lui parler de sujets susceptibles de l'intéresser!! Mais rien à faire, il ne relançait pas! Au bout de 10 minutes (parce qu'au début on n'osait pas...), on ne lui a plus parlé et on s'est parlé en français!
Et là, on a réalisé... Si ça se trouve, il n'était même pas cycliste!!
Le basque
Comme je vous l'ai déjà dit, je travaille en open space. Mon voisin d'en face a la réputation d'avoir un caractère d'ours mal léché. Catalogué comme un original, qui n'hésite pas à gueuler et ne dit pas un mot de la journée s'il est mal luné.
Pour l'instant, je n'ai pas à me plaindre. Il est adooorable, on rigole bien.
J'ai su rapidement qu'il faisait beaucoup de randonnée et d'escalade (et c'est un grand cycliste, LUI!). Il a d'ailleurs prononcé le nom de certains cols et montagnes du pays basque.
Vous vous en doutez, j'en ai conclu qu'il était basque!
Cet après midi, je papote avec lui. On parle régions de France. Et me voilà en train d'embrayer sur le pays basque. Quelle belle région... Il était assez d'accord... blabliblabla...
Mais toi, tu es d'où exactement?
Moi??
De Villefranche de Lauragais... Enfin, mon père était de Carcassonne.
Moralité de l'histoire: un cycliste basque peut toujours en cacher un autre!
Joséphine... Et si on inversait... Non ça marche pas: le basque est plus cycliste que basque, mais le cycliste est encore moins basque que cycliste!